LES ACTES et mentions INSOLITES DES REGISTRES D’ETAT CIVIL    
 

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Dans une étude norvégienne de 2002 concernant les attaques par des loups
à travers le monde et à différentes époques, il est mis en évidence
que la majorité des attaques d'hommes par des loups étaient du fait de loups enragés.
(voir "La peur du loup ")

Au XVIIIème siècle, on estime que 10 à 20 000 loups se répartissaient sur tout le territoire français .
Mais traqué et exterminé au cours des siècles , le loup disparut totalement entre 1925 et 1930 .
(voir "causes et historique de sa disparition ")

Très tôt dans les registres sont mentionnés le décès par les loups.
Par exemple à Songieu (Ain) nous trouvons 3 décès en 1637,1638 et 1640
        

Tandis que dans la Loire en 1671, le curé de St Nizier-sous-Charlieu, le curé Champfray
décrit avec une grande précision et beaucoup de sensibilité, l'attaque par un loup puis l'agonie et la mort d'un paroissien.
        

Le curé de Bourbon L'Archambault (Allier) en 1738 nous fait partager l'attaque par un loup de 2 adultes et d'un enfant. Ce dernier succombera à ses blessures mais les 2 adultes survivront après plusieurs jours de soins à l'hôpital de la ville. 

En 1741, à Hotonnes situé à quelques kilomètre de Songieu dont nous avons déjà parlé, le curé précise que durant cette année, "les loups ont tué ou blessé plus de cinquante personnes"  

Le loup gris (Canis lupus) est l'espèce de loup la plus répandue, avec une sous-espèce principale : Canis lupus lupus ou loup gris d'Europe. 
A Périgny (Loir et Cher), en 1743, à l'occasion de la sépulture d'une petite fille de 5 ans dévorée par un loup "que l'on dit être différent de ceux du pays", le curé parle d'une nouvelle espèce de loups "accoutumés à la chair humaine " et décrit le mode d'attaque de ce prédateur dans sa région. 

En 1760 dans la Marne, on enterre les restes d'un homme mangé par les loups.      

Enfin, pour terminer d'illustrer les méfaits de cet animal qui fut sans doute celui qui engendra le plus de contes, de légendes et de peur, vous trouverez au bas de cette page 2 mentions d'un décès par la rage.     

 

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Commune de Songieu (Ain)  - 1637- 1639 et 1640

En moins de 3 ans , le curé Crussy note dans les registres le décès de 3 personnes tuées par des loups.


"Blaise fils de Claude Amorand de Chateauneuf
fust par mauvaise fortune tue des loups
à la petite porte dut dit lieu au soleil couchant le dernier novembre an ci dessus et le lendemain
fust le reste de son corps enterre au lieu
de ses predessesseurs : pour le soulagement
de son ame fuct fait comme dessus "


Ad01  Songieu S 1619-1640 vue 16


"Claude fils de  favot de Sothonod
fut tué par les loups (...) "
 


Ad01  Songieu S 1619-1640 vue 19


"Clauda falquet burdin de Sothonod fut tuée par
les loups au dessus des Combes entre Songieu et
Sothonod le 3 avril 1640 "
 


Ad01  Songieu S 1619-1640 vue 20

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Commune de St Nizier-sous-Charlieu (Loire)- 1671
Voici le récit spectaculaire de l'attaque par "un loup naturel et sauvage" de Louys Demont.
Une morsure "dangereuse" de "deux dentées" lui perforera la trachée artère.
Suit un éloge remarquable de cet homme qui
"a donné en peu d'heures qu'il a survécu de l'admiration à ceux qui l'ont vu" ,

car "sous l'habit d'un paysan la mort y trouva une âme généreuse"

Merci à Jean-Paul Sève pour cet acte


"Louys Demont Dict le Duc vigneron de sainct Nizier
aagé de quarante cinq ans apres avoir expié ses pechers
par le sacrement de penitance et donné toutes les
marques d'un bon et veritable chrestien est deceddé
et a esté enterré dans l église de St Nizier tombeau
de ses predecesseurs par moy curé soussigné dudict
lieu le dixiesme jour du mois de mars mil six
cens septante et un . Ledict Demont est decedé par
un etrange et funeste accidant dont le recit
au vray est comme sensuit. La nuit du neuf au
dix de mars mil six cens septante et un environ
la minuit un loup naturel et sauvage que
la plupart ont estimé estre un loup enragé d'autant que
apres l'accidant arrivé par ce loup audict Demont
plusieurs chiens, chevres et autre betail en ayant esté
mordus en sont morts enragés; cette dicte nuit
à lheure susdite ce loup estant entré dans l'estable
dudict Demont par des ouvertures qui y estoient et
ayant blessé une de ses vaches, tant la susdicte vache blessée
que les autres firent tels hurlemens que le dict Demont
jugeant bien qu'il y avoit quelque chose dans ladicte
estable dont son bétail avoit peur et dont il pouvoit
estre endommagé, pourquoy il y accourut en chemise
sans armes et sans lumiere, et ayant ouvert la porte
de l'estable le loup en sortit en furie et rancontrant
a la porte ledict Demont se guinda dessus luy, et se
levant luy fit une morsure dangereuse dont il mourut
trante six heures apres. La morsure estoit de deux
dantées dont l'une estoit un peu derriere et au
dessous de l'oreille gauche, mais l'autre estoit plus
mortelle puisquelle luy a osté la vie, cette autre
dentée estoit au dessous du col en montant laquelle
perça la trache artere, et par laquelle playe il
perdoit beaucoup de sang et en recevoit la respiration
syl a fait pitié pour l'accidant peu commun qui luy
est arrivé, il a donné en peu d'heures quil a survecu
de l'admiration a ceux qui l'ont vu dans son mal
sa patiance a esté sans pareille dans ses douleurs, ses
sentimens ont esté tous chestiens, il a esté regretté pour
sa bonne vie, elle fut douce et sa fin le fut ancor plus,
et ceux qui l'ont assisté et servy temoigneront comme
comme je fais qu'il eut toujours une grande fermeté d'esprit
et que sous l'habit d'un paysan la mort y trouva une
ame genéreuse, et qu'il prononça des choses a l'avantage
de la vie chrestienne qu'un grand docteur auroit paine
d'en dire autant . Imitons sa vertu et sa constance
et prions dieu pour son ame "
Champfray curé de St Nizier
 

 

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Bourbon l'Archambault (Allier) - 1738

Ce sont finalement 5 personnes qui seront mordues par ce loup.
A cette époque, nous pouvons aisément supposer que les mutilations des membres et des visages furent terribles.
Ainsi, le curé utilise 4 fois le verbe "dévorer" dans sa narration !
 

Merci à Alain Bartoux qui m'a transmis cet acte

Ad03 - Bourbon l'Archambault (03) Lot Mi EC 35 - 3  Vue1015

"Le meme jour et an que dimanche de la quinquagesime le premier
febvrier a ete inhumé dans le cimetière damiens ridet fils de
Jacques ridet fandeur en la loge des vesvres dependants de la mothe
et de marie aucler ses pere et mere, decede hier en l'hotel dieu
de cette ville, agé d'environ douze ans et quatre mois et munis de tous
les sacremens . chazellet curé - explication de l'accident
observation
Le lundy vingtieme janvier dernier environ le neuf heures du
matin ledit damien ridet etant a une petite mauvaise fosse derriere
leur logé, son pere etant dedans ledit logé l'entendit quil criait mon pere
mon pere , sondit pere etant sorti pour aller a luy, il vit un loup
qui le tenoit entre les jambes qui le devoroit, son pere se jetta sur le loup
et le saisi au travers du corps, et le loup pour le deprendre de sa geulle
Ledit loup se jetta sur ledit pere et luy devorat une main et luy
fit plusieurs autres morsures a la teste et sur les autres
partyes du corps et ledit loup le laissa apres un coup de fusil
qui fut tiré sans blesser ledit loup qui en continuant sa
fuite rencontra en son chemin un coupeur de bois nommé
françois thibault dit colas, se jetta sur luy nayant rien
pour se defendre, le devorat, luy ayant mangés les mains
emporte, dechire le visage, partye de la testé ou
tégumens. ces trois personnes furent conduites et ammenées a
l'hotel dieu ou ils ont ete traites longtemps et sont guéris
a lexception dudit damiens ridet qui avoit éte mordu et devoré
le premier , qui est mort, comme dessus est dit. ledit loup fut tué
a coup de cognié dans les bois des vesvres par les auprains
freres, quoy que mordus aussy, ils n'ont point encore
de mauvaise suites "
 

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Commune d'Hotonnes (Ain)- 1741

Merci à Olivier Siegel pour cet acte

Nous  pouvons supposer que les " enfens dans la montagne"  tués par les loups cette année 1741
étaient les gardiens des troupeaux puisqu'il était de coutume d'employer les jeunes enfants à cette fonction.
En un an, "les loups ont tué ou blesse plus de cinquante personnes " alors que le climat de 1741 ne fut pas particulièrement mauvais.
 

"il est a remarquer que cet année il est arrivé beaucoup de malheur a
loccasion des loups qui ont tues plusieurs enfens dans la montagne.dans cette
paroisse seule et depuis le village de cule jusquaux grand abbergement
les loups ont tué ou blesse plus de cinquante personnes tant de ce costé
de la montagne que du costé danglefort ou ils ont fait beaucoup du male."

 


Ad01 Hotonnes 1741-1742 vue 4/8



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Commune de Périgny (Loir et Cher) - 1743

Il est probable que ces loups particulièrement meurtriers soient arrivés de l'est de la France.
Présents depuis 2 ans dans le Loir et Cher, le curé note qu'à 3 lieues alentour 
"depuis environ trois mois (...) on compte (...) près de cent vingt personnes qui ont été dévorées "

 


« L’an mille sept cent quarante trois le vingt six
juillet a été inhumé dans le cimetière de
cette paroisse le corps de madeleine guillon
agée d’environ cinq ans fille de feu Toussaint
guillon laboureur et de marie madeleine
marais femme en segonde noces de jacque 
Thuault laboureur de cette paroisse laquelle
magdeleine guillon inhumée fut hier le
vingt cinq du présent mois déchirée par un
loup que l’on dit être différent de ceux du pais
au milieu de dix ou douze personne.depuis
environ trois mois on compte qu’il y a aux
environs de cette paroisse trois lieux aux alentours
tirant vers le vent d’en bas près de cent vingt
personnes qui ont été dévorées par ces espèces
de loups ces betes accoutumées à la chair humaine
attaquent des personnes de tout âge et de
tout sexe et donnent beaucoup plus sur les femmes
et les filles que sur les hommes. la manière
de ces animaux est de prendre leur proye
a la gorge et sur le champ les personnes
attaquées périssent. leurs proie étranglée,
elles commencent à sen repaitre par le sein
des femmes et le bas ventre. c’est ce qui a été
remarqué partout ou de pareils accidens sont
arrivés. depuis deux ans que ces animaux
occupent nos cantons il n’y a eu que la susdite
inhumée attaquée et déchirée dans cette paroisse.
Larivée de ces loups ou au moins leur carnage
commence vers l’épiaison des bleds et finit
sitôt que les campagnes sont découvertes de
tout grain , c’est ce que je sais par expérience
de l’année mil sept cent quarante deux
(…) »

 

 Ad41 4E174 1 Périgny BMS 1668-1746



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Commune de Fromentières (Marne) - 1760

Mention quelque peu macabre des restes que l'on enterre !
Est-ce pour "l'excuser" de ne pas avoir reçu les derniers sacrements
dont il n'aurait de toute façon pas eu conscience avant une mort "normale"
que le curé précise que le décédé était retombé dans l'enfance depuis un certain temps ?
 

 
"L'an de grace mil sept cent soixante le septieme
du mois de may a été Inhumé le reste du corps
de Thomas Sarazin age de soixante et quinze que
les loups ont mangé dans les bois de l'Etang de la
chaine , le dit Defunt etoit depuis quelque tems tombé
en Enfance les soussignez ont assistez a l'Enterrement "
fourré c.de fromentieres 
 

Merci à François Welch qui a trouvé cet acte et à Dominque Druhen qui me l'a transmis


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Institut Pasteur Paris -Vaccination contre la rage

Pasteur crée le vaccin contre la rage en 1885.
Jusque là , l'homme était impuissant à lutter contre la rage , maladie alors mortelle .

 

 

 

 

 

Merci à Bernarde Debouny pour cet acte

Commune d'Erloy (Aisne) - 1730

Louis Proisy meurt de la rage après avoir été mordu par un loup qu'il arrivera cependant à neutraliser . Mais n'ayant aucun moyen de l'achever, il fut bien obligé de le relâcher ! Il a été mordu le 19 novembre et décède le 31 mars.

" Le dernier mars est decedé Louis Proisy laboureur agé de quarante deux
ans de la maladie de la rage après avoir été confessé, ayant été attaqué
nuitament de sa cour d'un loup enragé qui luy sauta au visage et
le mordit en plusieurs endroits. Ledit Proisy le terrassa sous luy
mais n aiant été secouru de personne il fut obligé de le lascher ce quy
arriva le 19 novembre dernier . Son corps a été inhumé dans le cimetière
de cette eglise par moy curé soussigné en présence de Louis Proisy son garçon
et de pierre Girard son beau père quy ont soussigné le jour et an susdits "

 


Ad03 Erlay 1723-1742 Vue 64

Commune de Renay (Loir et Cher) - 1731 -


"Le  douze du mois de juin 1731 a été par moy curé
soussigné, inhumé dans le cimetière de cette
paroisse Simon briere mary de marie noulin
mort de ce matin de la rage pour avoir été mordu
d'un loup enragé qu'il a tué , agé de quarante
quatre ans muny des sacrements de pénitence
et extreme onction, en présence de marie noulin
sa femme , pierre savonneau son beau-frère,
louis becquereau son cousin et de mathurin petit
notre sacristain qui onts tous déclaré ne savoir
signer ,enquis . juignet curé de rené. "
 

 

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